Paul Delouvrier

Image DELOUVRIERPAUL DELOUVRIER (1914 – 1995), INSPECTEUR GENERAL DES FINANCES

Après des études de droit et de sciences politiques, Paul DELOUVRIER se bat comme lieutenant d’infanterie motorisée en mai 1940, est reçu au concours de l’Inspection des finances (1941), passe par l’Ecole des cadres d’Uriage (1941 et 1942) et, en 1944, prend dans la région de Nemours la responsabilité d’un maquis armé qui recevra pour mission de recueillir le général de GAULLE et de le conduire à Paris si la 2ème division blindée ne peut le faire.

A la libération, il est chargé de mission au cabinet d’Aimé LEPERCQ, Ministre des Finances, puis de René PLEVEN, dont il sera ensuite le directeur de cabinet. En 1946, il entre dans l’équipe de Jean MONNET, qui élabore le premier plan de modernisation et d’équipement – dit Plan Monnet – destiné, à l’issue de la guerre, à redresser l’économie et l’industrie françaises.

Après avoir dirigé en 1947 le cabinet de René Mayer, ministre des Finances et des Affaires économiques, Paul DELOUVRIER est nommé directeur général – adjoint des impôts (1948 – 1953), chargé des réformes et de la fusion des régies fiscales, et contribue alors à la mise en place de la T.V.A.

En 1953, il est conseiller technique au cabinet de René Mayer, Président du Conseil puis Secrétaire Général du Comité Interministériel pour les questions de coopération économique européenne : à ce titre, il fait partie des délégations françaises à l’OCDE et à l’OTAN. Deux ans plus tard, il part diriger à Luxembourg la division des finances de la Haute Autorité de la Communauté Européenne du charbon et de l’acier, que préside Jean MONNET. Il est membre du groupe Spaak pour la préparation du traité de Rome et, en 1957, joue un rôle capital dans la création de la Banque européenne d’investissement, dont il assumera la Vice-Présidence.

En 1958, en le nommant délégué général du gouvernement, le Général de GAULLE l’envoie en Algérie remplacer le Général SALAN, avec la totalité des pouvoirs civils et militaires. Paul DELOUVRIER part avec la consigne : « Vous êtes la France en Algérie » et la mission de réaliser le plan de Constantine. Il y affrontera notamment » la « semaine des barricades », en janvier 1960, au cours de laquelle son discours radiodiffusé, resté célèbre, contribuera à rétablir l’ordre public à Alger.

En août 1961, il est le titulaire d’un poste nouveau : délégué général au district de la région de Paris. A ce titre, il étudie l’ensemble des problèmes que pose le développement de la capital et il est chargé de proposer au gouvernement une politique d’aménagement et d’équipement.

Après avoir largement inspiré la réforme administrative de la région, il publie en 1965 le Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme de la région de Paris.

En 1966, il devient le premier préfet de la région parisienne et, dans cette fonction, peut mettre en application la politique qu’il a préconisée : action foncière audacieuse et novatrice, programme ambitieux de grands équipements : routes et transport, préfectures et universités. Il soutient la création de centres urbains nouveaux dans les banlieues existantes, grâce notamment à des moyens dont il a largement contribué à doter les instances régionales, et amorce la formidable aventure de la fondation de cinq villes nouvelles.

En 1969, il devient Président du Conseil d’Administration d’Electricité de France, poste qu’il occupera dix ans. Ses deux mandats successifs seront marqués par le changement de filière nucléaire et la levée de l’interdit de toute action commerciale qui entravait l’essor de l’entreprise, puis par le programme massif d’équipement nucléaire et le développement parallèle du marché de l’électricité.

En 1970, il est le premier Président du Plan Construction et, à ce titre, est à l’origine des « programmes architecture nouvelle ». Parallèlement, il participe à la création de l’association Ouest Atlantique dont il présidera aux destinées de 1970 à 1980 et qu’il dote d’un outil financier original : l’Institut de Participation de l’Ouest.

Distingué pour son inlassable dynamisme, sa capacité inépuisable à inventer des solutions et à les faire partager, son franc-parler, il participe activement aux travaux du Conseil économique et social dont il est membre de 1979 à 1994.

Nommé en 1979 1er Président de l’établissement public du Parc de la Villette, il est chargé de créer sur le site des abattoirs de la Villette un musée des sciences et des techniques (qui deviendra la Cité des sciences et de l’industrie), et des équipements consacrés à la musique, le Conservatoire National Supérieur de Musique et de danse et la Cité de la Musique. En 1984, atteint par la limite d’âge, il en devient président d’honneur et s’y intéressera jusqu’à sa mort.

Parallèlement à son parcours professionnel, Paul DELOUVRIER a enseigné l’économie politique : Institut d’études politiques (1946-1958), Ecole de guerre et école navale (1952-1958), Ecole normale supérieure d’enseignement technique de Cachan (1966), Johns Hopkins University de Boulogne, etc. Surtout, il mit son énergie au service de la vie associative, contribuant à créer ou présidant activement un grand nombre d’associations : Education et Echanges, le Foyer International d’Accueil de Paris, le Centre d’Echanges et de Formation aux réalités internationales, l’Association Jean Monnet, et bien d’autres encore… Avec la même ouverture d’esprit, il a animé ou administré divers organismes économiques, sociaux ou culturels : le Conseil du développement culturel, la section française de la Commission trilatérale, le Comité national des Conseillers du commerce extérieur…

Lorsqu’il reçut à Amsterdam le Prix Erasme 1985 pour l’urbanisme, le Prince Bernhard des Pays-Bas s’adresse à lui en ces termes : « Votre attitude positive envers la vie et l’intérêt concret que vous portez aux individus vous ont préservé des formules théoriques ou des dogmes des partis politiques. Vous avez toujours essayé d’être un parfait serviteur de l’Etat et de créer le meilleur pour la société ».

Par sa manière d’être et d’agir, Paul DELOUVRIER a profondément influencé plusieurs générations de serviteurs de l’Etat et fait partie des quelques hommes qui, au confluent de la politique et de la pensée visionnaire, auront marqué la France contemporaine.

Sa haute conception du service de l’Etat, son pragmatisme créateur et son indépendance d’esprit qui lui on valu la confiance de tous les présidents de la Républiques, sa manière très personnelle d’associer des équipes et de commander les hommes, représentent à la fois un témoignage unique sur un modèle de grand commis de l’Etat et un encouragement pour les jeunes générations.

LES GRANDES DATES
1914 Naissance , le 25 juin à Remiremont (Vosges)
1936 Diplôme d’études supérieures de droit civil (Faculté de droit et Institut des sciences politiques de Paris)
1940 Mobilisé. Participe au combat de Stonne dans les Ardennes. Reçoit, au front, la médaille du Combattant
1941 Ecole des cadres d’Uriage (avec Hubert Beuve-Méry, fondateur du Monde)
1943 Inspecteur des Finances (major de sa promotion)
1944 Chef du maquis armé de Milly et Nemours
1946 Chef de la division financière du Commissariat Général au Plan
1948 Directeur Général adjoint des impôts (–> 1953). Création de la TVA
1955 Directeur de la division des finances à la Haute Autorité de la Communauté Européenne du Charbon et de l’ Acier
1958 Délégué général du gouvernement en Algérie (–> 1960)
1961 Délégué général au district de la région de Paris qui passera de 3 à 8 départements. Création des villes nouvelles
1966 Préfet de la région parisienne
1969 Président d’EDF. Lancement du programme électro-nucléaire (–>1978)
1979 Président de l’Etablissement public du Parc de La Villette
1995 Décès le 16 janvier à Provins

POUR EN SAVOIR DAVANTAGE
Paul Delouvrier ou la passion d’agir, de Roselyne Chenu (Ed. du Seuil, 1994)

GUIDE DES SOURCES
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